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Pas très convaincante cette visite !

The Visit

L’homme responsable de « Sixième sens » et « Incassable », retrouve la divine inspiration. La renaissance viendrait-elle de « The Visit », film façon found footage au pitch aussi simple que terrifiant (la peur des grands-parents comme boogeyman ultime) ?

 Avec « The Visit », Night Shyamalan fait un retour en grâce au Box-Office puisque son film a rapporté un total de 98 millions de dollars pour un budget de seulement 5 millions. Le cinéaste réussira encore mieux son coup avec « Split » juste après. 

Un come-back de premier ordre. Une bonne nouvelle si seulement elle s’accompagnait d’un regain de forme du réalisateur d’un point de vue artistique. Éléments de réponse.

Synopsis :

Deux enfants visitent leurs grand-parents et s’inquiètent de plus en plus de leur comportement très étrange.

« The Visit » est étonnant. Vraiment ! Attention cependant, pas d’étonnement de type « La plus belle surprise de tous les temps qu’on vous offre par une soirée froide d’octobre », c’est plus comme si on apprenait à un homme qu’il avait un cancer du col de l’utérus.

Des plans tantôt géniaux tantôt étranges, des incohérences scénaristiques, « The Visit » n’est pas un grand film d’horreur et réunit tous les maux qui paralysent le cinéma de son auteur. Le metteur en scène du « Village » n’arrive jamais à créer une ambiance véritablement oppressante. La faute sans doute à un scénario qui ne trouve jamais son ton, coincé entre sa volonté de nous offrir du frisson et celle de se moquer d’un genre qui sature les écrans.

Dans sa globalité. « The Visit » regorge de bonnes idées ! Parfois en prenant même à contre-courant des chemins tracés par les films d’horreurs qui l’ont précédé. Pourtant il émane de ce long métrage la sensation que certaines idées auraient pu être bien mieux utilisées.

Le film est jonché de plans esthétiquement travaillés ! Le hic : l’œuvre prend le parti du found-footage. « Est-ce problématique ? » me direz-vous.

Le souci, c’est que les protagonistes qui utilisent les caméras ont 15 et 13 ans. Vous sentez le problème arriver ? Quand on a 15 ans et qu’on joue avec la caméra parentale, on se demande rarement : « Tiens, est-ce que la profondeur de champ est bonne ? »

C’est quand même plus beau si on fait un effet de contre-plongée non ? ». Bon on veut bien encore admettre que les deux ados sont des réincarnations de Steven Spielberg et Martin Scorsese mais ce duo de personnage en plus d’être insupportable et d’un ennui mortel.

La tension injectée par Shyamalan ne fonctionne pas un seul instant. Les deux vieillards, chez qui les enfants vont passer une semaine du feu de dieu, sentent le mal à 3Km. Impossible de faire confiance à l’un d’entre eux une seule seconde.

On se retrouve donc dans une situation où nous, humbles spectateurs, savons déjà qu’elle est la menace et ce, dès le départ. Comment peut-on réellement plonger dans cet univers film quand celui-ci nous expose toutes ses cartes d’un coup ?

Si la plupart des films d’horreurs suivent tous le même schéma (Le bon vieux « C’est calme, un peu moins, encore moins, c’est la merde, Billy est mort, on est foutu, ah bah non en fait ») c’est pour que nous plongions lentement avec lui dans la noirceur de son univers et dans son ambiance oppressante. Dans « The Visit », ce n’est malheureusement pas le cas On s’ennuie ferme dans cette visite qui promettait d’être bien flippante dans la demeure de grands-parents visiblement pas très nets (à ce titre, le final est d’une paresse visuelle sans nom).

Ce film est bourré de défauts, mineurs ou majeurs, d’incohérences (et d’incontinences) et d’étrangetés scénaristiques. Le jeu d’acteur est aléatoire, la tension est aléatoire, la mère des héros est aléatoire, etc.

Pour qu’un film de fiction marche, il faut qu’on puisse croire aux règles qui le régissent. Il faut qu’il soit crédible avec son univers. Et plus celui-ci est proche du nôtre, plus l’écart peut devenir fatal. Pour cette raison, « The Visit » n’est absolument pas convaincant, les actions des personnages sont tellement illogiques, qu’il est impossible d’avoir de l’empathie pour eux.

Est-ce pour autant un mauvais film d’horreur ?

Non. Pas à ce point-là. C’est une œuvre esthétiquement bien travaillée, bourrée de bonnes idées et qui possède de bons moments de mises en scènes.

Est-ce un bon film ? Pas vraiment non plus. Des erreurs à répétitions, des plans intéressants mais incohérents et illogiques, en plus de personnages incompréhensibles jouent en sa défaveurs. Ni malin, ni surprenant, le métrage échoue dès lors systématiquement à générer la moindre excitation ou tension.

Pour son grand retour, Shyamalan signe avec « The Visit » une œuvre intéressante mais qui ne franchit pas le seuil de son postulat de départ. Sa renaissance artistique, ce n’est pas encore au programme de la visite. Loin de là ! Une toute petite série B, un film d’horreur décevant.

Spoil-Post-Scriptum : Le film se termine sur cette punchline de dingue : « Shit doesn’t taste like chicken ». Cela ne s’invente pas.

Note : 4/10

Maxime Févry – Le 30 octobre 2018

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