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Élégance et Distinction

Meryl Streep

Un sourire charmant, un regard perçant et une panoplie exceptionnelle de jeu, de talent et d’expressions que l’on a pu apprécié récemment dans « Pentagone Papers » et « Le Retour de Mary Poppins ». Elle nous aura fait pleurer, vibrer, rire et effrayer, avec plus d’une soixantaine de longs-métrages à son actif, Meryl Streep est considérée aujourd’hui, à raison, comme l’une des meilleures actrices de l’histoire du cinéma. 

Outre son talent indéniable de comédienne qui ne fait aucun doute, c’est par le caractère presqu’irréprochable de sa filmographie que se distingue cette immense actrice. Egérie des années 80 et 90, elle a dépossédé Katharine Hepburn de son record, avec dix-neuf nominations aux Oscars pour 3 récompenses. Elle prouve par la diversité et la qualité de son interprétation, qu’elle peut tout jouer et transmettre l’émotion avec la même maîtrise et la même sensibilité grâce à des rôles de femme(s) à la fois fortes et fragiles.

Portrait de l’une, si ce n’est, la plus grande actrice du Septième Art.

BY VITTORIO ZUNINO CELOTTO/GETTY

Petite bio :

Mary Louise Streep est née le 22 juin 1949 dans une famille aisée, elle est la fille de Harry William Streep Jr, pharmacien et de Mary Wolf Wilkinson, directrice artistique. La famille de son père est allemande, émigrée aux États-Unis et des origines anglaises par sa mère.

Elle passe son enfance dans le New Jersey et étudie à Bernard High School et poursuit des études supérieures au Vassar College, où elle obtient un bachelor en art dramatique.

Au départ, Meryl Streep se dédie à une carrière de cantatrice (elle est férue d’opéra depuis l’âge de 12 ans) et obtient même son baccalauréat en Art Dramatique. Par la suite, elle obtient un Master d’Arts à Yale où elle tient plusieurs rôles avec plus d’une quarantaine de pièces à son actif. Le théâtre lui apporte ses premières récompenses, dès 1976. A Yale, elle éclipse les Sigourney Weaver et autres Wendy Wasserstein pour devenir la star de l’école dramatique.

©GETTY IMAGES

Après ses études, elle réussit à intégrer le Phoenix Repertory du théâtre de New York et fait ainsi ses débuts sur les planches.

Mais la jeune actrice a parfois du mal à passer d’un rôle à un autre. « Elle était sceptique sur le fait d’exploiter sa propre douleur, croyant que la misère n’était pas pertinente pour l’art. Ce que ses instructeurs considéraient comme de la paresse ou de l’évasion était une révolte intellectuelle grandissante contre l’orthodoxie de cette méthode de jeu, qui avait façonné la génération précédente d’acteurs. Elle préférait l’imagination », raconte le biographe Michael Schulman dans le livre « Her Again : Becoming Meryl Streep », publié en 2016.

Il faut savoir qu’au départ, elle n’envisageait pas immédiatement de se consacrer à une carrière de comédienne. En effet, elle a d’abord rempli un bulletin d’inscription pour un cursus de droit. Mais le jour de l’entretien, elle ne se réveille pas à l’heure et manque le rendez-vous. Meryl Streep y voit le signe que la carrière juridique n’est pas faite pour elle.

Deux ans plus tard, elle s’intéresse au cinéma et commence à passer quelques auditions, comme pour le film « King Kong », elle fait finalement ses premiers pas dans le milieu lorsqu’elle obtient son premier rôle dans « Julia » en 1978 avec Jane Fonda et Vanessa Redgrave en partenaires.

Dans la foulée, elle rafle un Emmy Award pour son rôle dans la série télé « Holocaust ». Elle accepte ensuite un second rôle pour rester aux côtés de son compagnon de l’époque, l’acteur John Cazale, qui est en train de mourir d’un cancer des os. Aussi tragique que soit ce coup du sort, il s’avère déterminant. Ce long métrage n’est autre que « Voyage au bout de l’enfer », du regretté Michael Cimino, dans lequel elle partage l’affiche avec Robert De Niro et Christopher Walken. La prestation qu’y livre Meryl Streep lui vaut sa première nomination aux Oscars, dans la catégorie « meilleur second rôle ».

Suivent de nombreux autres films qui ne tarderont pas à faire d’elle une actrice « bankable », incontournable et surtout talentueuse. Retour sur ses dix plus grands rôles selon la rédaction.

Photo by Jason Merritt/Getty Images

TOP 10 de la rédaction :

10. « La mort vous va si bien » (1992) de Robert Zemeckis :

Une comédie noire grand public qui cache pourtant une satire aiguë et contemporaine de la peur de vieillir et une réflexion sur le cauchemar de la vie éternelle. Zemeckis signe une comédie hollywoodienne sophistiquée, au casting haut de gamme avec Meryl Streep et Goldie Hawn en compagnie d’un Bruce Willis à contre-emploi pour un film visionnaire pour l’époque parce qu’il stigmatisait avec ironie ce culte de l’apparence qui triomphe aussi brutalement aujourd’hui.

On y découvre ici tout le talent comique de l’actrice qui s’en donne bien sûr à cœur joie et nous dévisse littéralement la tête. Un film hilarant à revoir qui lui a valu une nouvelle nomination aux Golden Globes.

© 1992 Universal Pictures

9. « Un été à Osage County » (2013) de John Wells :

Un drame de luxe dans la grande tradition des adaptations théâtrales américaines. John Wells se paye même un casting cinq étoiles avec Julia Roberts, Benedict Cumberbatch, Ewan McGregor entre autres en compagnie de Meryl Streep pour adapter la pièce de Tracy Letts, prix Pulizter en 2008.

Dans un premier rôle poignant, Meryl Streep explose en mère hystérique qui lui a valu une 18e nomination aux Oscars.

Photo by Claire Folger - © 2013 - The Weinstein Company.

8. « Voyage au bout de l’Enfer » (1978) de Michael Cimino :

À la fois chronique d’une Amérique, prolétaire et déclassée, issue de l’immigration russe, et méditation vertigineuse sur le point de bascule vers la folie. Un très grand film sur la perte de l’innocence, convoquant le motif biblique du déclassement du paradis à l’enfer. Une œuvre portée par un immense Robert De Niro mais surtout, le premier vrai grand film de Meryl Streep, dans lequel elle donne de l’ampleur et de la douceur à son personnage. Un rôle qui lui offre la première de ses nombreuses nominations aux Oscars.

© 1978 - Universal

7. « La maîtresse du lieutenant français » (1981) de Karel Reisz :

Adapté d’un roman de John Fowles, le long métrage avait rencontré un beau succès public et critique, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis en décrivant le pouvoir de la séduction romanesque au cinéma. Porté Jeremy Irons et bien sûr Meryl Streep qui interprétait finement cette femme qui invente de toutes pièces un roman fiévreux, qui se donne littéralement en spectacle (la grande scène de la jetée) afin de fasciner un homme, est magnifiquement traitée dans un décor de falaises romantiques, au temps du puritanisme victorien. Une nouvelle performance auréolée d’une nomination aux Oscars et aux Golden Globes.

© 1981 United Artists

6. « La Dame de Fer » (2012) de Phyllida Lloyd

En 2011, on la retrouve dans la peau de la première femme chef de gouvernement en Occident : la Britannique Margaret Thatcher. « Il fallait une actrice de légende pour incarner la légendaire Margaret Thatcher », souligne la réalisatrice Phyllida Lloyd, qui signe avec « La Dame de Fer » un biopic classique mais intimiste sur ce personnage controversé. Plus qu’un film politique sur celle que Meryl Streep surnomme « une icône de la droite, un démon de la gauche », « La Dame de Fer » retrace le destin d’une femme de pouvoir dans sa complexité, entre intimité et vie publique.

 

L’actrice livre une nouvelle fois une immense performance. Complètement métamorphosée, Meryl Streep est au firmament en offrant un jeu froid et d’une justesse déconcertante qui pourrait se résumer à cette maxime : « une main de fer dans un gant de velours ». Un rôle qui lui offre simultanément son troisième Oscar et Golden Globe.

© 2011 - The Weinstein Co.

5. « Out of Africa, souvenirs d’Afrique » (1985) de Sydney Pollack :

D’après le roman autobiographique de Karen Blixen, écrivain danois qui se maria et émigra au Kenya, où elle s’éprit d’un aventurier anglais. Un beau mélo à l’ancienne dû au spécialiste Sydney Pollack. Une histoire d’amour(s) colonial qui fut un immense succès commercial. « Out of Africa » rafla une demi-douzaine d’Oscars et marqua les mémoires avec la scène quasi d’anthologique de Robert Redford shampouinant Meryl Streep en pleine savane. « J’aurais souhaité qu’il recommence », confessera-t-elle des années plus tard.

Un rôle qui offrit encore à Meryl Streep une nouvelle nomination aux Oscars grâce à une performance émouvante mais qui renforce encore plus son aura de grande comédienne.

© 1985 - Universal Pictures

4. « Kramer contre Kramer » (1979) de Robert Benton :

Le réalisateur Robert Benton joue à fond la carte de l’attendrissement, appuyant avec habileté sur la détresse de l’enfant et le désarroi des parents dans ce film bouleversant sur le divorce, Meryl Streep incarne l’ex-épouse de Dustin Hoffman et évoque les difficultés d’une mère, perdue face à la situation. Les deux acteurs chamboulent le monde entier avec leur interprétation de jeunes parents en plein conflit conjugal.

Un rôle pour lequel elle reçoit sa première statuette aux Oscars dans la catégorie « meilleure actrice dans un second rôle ». Et parce que cela ne s’invente pas, elle oublia son prix sur la cuvette des toilettes. Sacrée Meryl !

© 1979 - Columbia Pictures

3. « Le Choix de Sophie » (1983) d’Alan Pakula :

Le film de la véritable révélation du talent de la comédienne adapté du livre de William Styron. Meryl Streep joue une polonaise catholique meurtrie par l’expérience des camps de concentration, en couple avec un juif. Les deux feront la rencontre d’un jeune écrivain fraîchement arrivé à Brooklyn et le trio va développer une relation complexe. Pour accroître sa crédibilité, elle suit des cours intensifs d’allemand et de polonais. Meryl Streep commence ici son travail de perfectionniste. Une femme caméléon qui se fond dans tous les personnages et adopte tous les accents.

Avec « Le choix de Sophie », elle recevra l’Oscar de la « meilleure actrice » en 1983. Le travail paye toujours.

© 1982 - Universal Pictures

2. « Le Diable s’habille en Prada » (2006) de David Frankel :

Adaptation du best-seller de Lauren Weisberger, l’actrice à l’image d’intello prend un plaisir non-dissimulé à interpréter une rédactrice en chef d’un magazine de mode, imbuvable, tyrannique, autant crainte que respectée par sa stagiaire Anne Hathaway. Cette sorte de Cruella fashion aux cheveux argent deviendra culte car le film fait un carton et permet à Meryl Streep de se faire connaître d’un public plus jeune. Surtout, il semble lui avoir donné à nouveau l’envie de jouer et lui offre bien entendu sa quatorzième nomination aux Oscars et aux Golden Globes.

© 2006 Twentieth Century Fox

1. « Sur La Route de Madison » (1995) de Clint Easwood :

Eastwood signe un superbe mélo exprimant une vision profondément mélancolique des relations humaines. Un classique instantané qui serre la gorge du spectateur et embue le regard à chaque nouvelle vision. « Sur la route de Madison » est la conclusion d’une série de films intimistes dans lesquels Eastwood exprime une vision profondément mélancolique, voire funèbre, des relations humaines. Deux êtres faits l’un pour l’autre mais contrariés par le destin n’ont d’autre choix que de connaître en quatre jours la passion de toute une vie. L’une des plus poignantes histoires d’amour du cinéma contemporain portée par deux acteurs exceptionnels et avec deux talents pareils, on ne s’étonne pas de cette nouvelle nomination aux Oscars pour l’actrice.

© 1995 - Warner Bros. Pictures

Véritable légende au cinéma, Meryl Streep a au total été nommée 19 fois aux Oscars (15 nominations pour l’Oscar de la « meilleur actrice », 4 nominations pour des seconds rôles). Seule Katharine Hepburn avait réussi à atteindre de tels sommets, mais en un demi-siècle. Certes, tout va plus vite aujourd’hui. À côté de ses Golden Globes (8) et de ses oscars (3), se déclinent un césar français, un ours d’argent berlinois, deux David di Donatello (leur pendant italien) et une multitude de récompenses attestant de l’universalité de sa reconnaissance. Son talent ne se résume pas à jouer un rôle, elle habite une personne. « Nous portons chaque chose et chaque être en nous », a-t-elle déclaré à un journaliste américain.

À la fois discrète et légendaire, elle est un modèle pour les actrices, avant tout pour ses rôles qui mettent en lumière son talent, mais aussi pour son engagement, son aplomb et sa capacité à assumer son âge avec une grande élégance… Une très grande dame du cinéma doublée d’une légende vivante.

NB : Pouvaient aussi être cités :

  • « La brûlure » de Mike Nichols (1986)
  • « Bons baisers d’Hollywood » de Mike Nichols (1990)
  • « Pas si simple » de Nancy Meyers (2009)
  • « La rivière sauvage » de Curtis Hanson (1994)
  • « Adaptation » de Spike Jonze (2002)
  • « Lions et agneaux » de Robert Redford (2007)
  • « Manhattan » de Woody Allen (1979)
  • « Un cri dans la nuit » de Fred Schepisi (1988)
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Julien Legrand – Le 22 juin 2019

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