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Une licorne dans un monde de brutes

Happy! Saison 1

Dans un New York qui n’a rien à envier à celui des films noirs les plus sombres, un ancien policier reconverti en tueur à gage part à la recherche d’une fille kidnappée à l’approche de Noël avec l’aide de son partenaire déjanté : une licorne !

Si le pitch vous semble étrange, préparez-vous, toute la série de SyFy (également disponible sur Netflix) baigne dans cette atmosphère étrange qui oscille entre violence gratuite et humour complètement barré qui, s’il ne fera pas mouche à tous les coups, a le mérite de faire sourire. « Happy! » est l’adaptation des comics éponymes de Grant Morrison et Darick Robertson réalisée en grande partie par Brian Taylor, réalisateur d’ « Hyper Tension » et « Hyper Tension 2 ».

L(e) (anti)héro interprété avec brio par Christopher Meloni (que vous connaissez pour son rôle dans New York Unité Spéciale) est totalement différent de ce que l’on a l’habitude de voir dans des séries policières. « Happy! » ne prend aucun gants et nous sert un protagoniste sans vergognes, outrancier, alcoolique, le tout saupoudré par un côté « badass » que John Wick ne peut qu’applaudir et ça, c’est beau à voir.

Ce personnage sombre est contrebalancé par son coéquipier : Happy, la licorne joviale, véritable incarnation de la naïveté. Le duo Sax/Happy donne plus d’une occasion de rire, de s’émouvoir, ou encore de se demander ce que l’on regarde. Il faut cependant admettre que l’incrustation du personnage en image de synthèse laisse par moment à désirer.

Mais dans une série comme « Happy! », les antagonistes ne sont pas en reste. On y trouve notamment Ritchie Coster (aperçu dans « Creed » de Ryan Coogler) dans le rôle de Blue et Patrick Fischler (Dan dans « Mulholland Drive ») interprétant Smoothie (je vous laisse le plaisir de savoir pourquoi on l’appelle ainsi), respectivement un mafieux colérique qui rappelle un certain Heisenberg pour le premier et un tortionnaire sadique à la fois dérangeant et hilarant pour le second.

« Happy! » a su doser exactement comme il fallait ses personnages, toujours hauts en couleurs et hyperactifs, mais jamais inutilement hystériques ou trop « borderlines ». Brian Taylor ne cède donc pas à la facilité de ce côté-là et n’oublie jamais de prendre le temps d’assoir ses personnages (surtout les secondaires), de leur donner ce qu’il faut de profondeur et même de temps de pauses pour qu’ils puissent se déployer autant qu’il leur est nécessaire.

Mais la série ne se résume pas que par son scénario, son humour et ses personnages, on ne peut pas parler de « Happy! » sans aborder les lumières qui enveloppe parfaitement les scènes. Leur donnant des atmosphères tant féériques que glauques. Et avec de si belles lumières, il peut arriver que l’on croise des plans qui sont soit sublimes, soit réellement surprenants. La série se dote ainsi de passage particulièrement contemplatif lors desquels on est comme hypnotisé. Une série très bien réalisée, en plus donc d’être par moment vraiment jolie plastiquement parlant.

Il y a désormais une chose cruciale qui fait défaut à cette série : le rythme ! En effet, celui-ci s’essouffle rapidement, et plus les épisodes passent, plus la série semble tourner parfois en rond. S’il m’a été impossible de faire une pause pendant le visionnage de la première moitié de la saison, je ne peux pas en dire autant de la deuxième partie. De plus, avec ce rythme à la baisse, l’intrigue y perd un peu de sa spontanéité.

Le rythme n’est pas la seule chose qui s’essouffle sur la fin de la saison. En effet, l’intrigue part dans une direction qui sort littéralement de nulle part dans une sorte de Deus Ex Machina scénaristique qui ne convaincra pas vraiment. La série n’arrive pas à trancher entre conclusion décisive du récit et envie de faire une saison 2.

« Happy! » est une série qui surprend par son équilibre constant entre l’absurde et la surenchère de violence qu’elle contient. Et ça fait du bien ! C’est une série qui ose des choses, que ce soit dans ses cadrages, dans sa réalisation, ou encore dans sa manière d’aborder son récit. Si cette première saison se fait longue à l’approche du dernier épisode, elle mérite quand même que l’on y jette un œil.

Note : 6,5/10

Maxime Févry – Le 9 août 2018