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Comment ne pas être un X-Man en 10 leçons

 

Deadpool 2

Après une communication ultra-poussée, des pubs en veux-tu en voilà et un plan marketing mené de main de maître, voici enfin « Deadpool 2 » !

L’anti super-héros le plus égocentrique, drôle et tout un tas d’autres superlatifs qui n’appartiennent qu’à lui. Pour notre plus grand plaisir, il renfile son costume rouge en lycra pour un deuxième opus calé entre « Avengers : Infinity War » et « Solo : A Star Wars Story ».

Deux ans après un premier volet qui avait su poser les bases et présenter avec cohérence le personnage aux fans, Ryan Reynolds est de retour plus en forme que jamais pour faire sauter la banque du Box-Office avec ce deuxième volet qui espère faire aussi bien que son prédécesseur (qui avait engrangé 783 millions de dollars pour un budget de 58 millions). 

Une mission pas impossible mais sans l’effet de surprise cette fois. 

Pourtant exit Tim Miller, metteur en scène du premier et place à David Leitch, ancien cascadeur, également co-réalisateur de « John Wick ». Autant dire que les scènes d’action promettent du lourd. Plus de combats, plus de références « geek », plus de violences, plus de vannes à deux sous, en gros

« Deadpool 2 » s’annonce encore plus transgressif. 

© TM & © 2018 Twentieth Century Fox Film Corporation.

Un second long métrage qui poursuit avec parfois une certaine habileté (scènes d’actions, humours, …) mais aussi pas mal de maladresses (scénario, personnages pas développés, redondances des blagues, …) la tradition, établie dans le premier film.

Mais on peut cependant déjà lui faire un premier reproche, c’est qu’à trop vouloir se voir subversif avec des gags à gogo, le long métrage de David Leitch risque de lasser une partie de son public.  Le cahier des charges est en effet bien rempli mais il se fait au dépend d’une écriture scénaristique par moments paresseuse comme pour sa construction ou encore dans la gestion de ses éléments constitutifs.

Alors oui cela fonctionne et les spectateurs rient mais « Deadpool 2 » abat trop souvent la carte de la surenchère mécanique, quitte à épuiser un public noyé par une incessante enfilade de blagues, certes souvent hilarantes, mais à la limite de l’overdose.  

Dans cette nouvelle aventure, on ressent très bien la patte de David Leitch, auteur récent d’ « Atomic Blonde ». Le cinéaste a utilisé les films avec Keanu Reeves aux côtés Chad Stahelski pour démontrer son amour des artistes du cinéma muet comme Harold LloydCharlie Chaplin ou encore Buster Keaton, en construisant des scènes d’action autour de cascades très élaborées et habilement mises en scène.

Croyez-le ou non, l’affinité de Leitch pour les classiques muets est bien présente dans « Deadpool 2 », un film qui mélange souvent action et comédie avec un esprit visuel et une certaine efficacité (beaucoup de scènes d’action sont filmées sans que les personnages ne parlent à tout bout de champ), offrant un nouvel angle inattendu à cette suite qui revient à nouveau avec cette classification « R-rated » (interdit aux moins de 18 ans aux Etats-Unis) et bourrée de « clins d’œil » aux cinéphiles (Céline Dion qui chante l’introduction dans une scénographie qui rappelle celle des films James Bond ou « Flashdance »).

Photo by Photo Credit: Joe Lederer - © TM & © 2018 Twentieth Century Fox Film Corporation.

Une approche intelligente et adaptée au personnage, un immortel réticent (Ryan Reynolds encore une fois à son avantage) dont le corps se régénère à chaque blessure, un scénario que Leitch utilise comme prétexte pour transformer la violence caricaturale en spectacle burlesque inventif.

L’humour fonctionne, même en ressortant certains gags présents chez son prédécesseur (par exemple, des parties de son corps qui repoussent sous les yeux de ses acolytes).

Alors certes comme dans le premier, le scénario ne tient que sur une demi-page, le cynique Deadpool, poussé par sa petite amie (Morena Baccarin) s’est engagé à être plus décent. Avec l’aide de certains X-Men (les franchises sont liées), Wade Wilson porte secours à un jeune mutant (Julian Dennison) et jure de le protéger.

Un pitch simple, mais une mission rendue difficile avec l’apparition de Cable (Josh Brolin sobre et efficace comme à son habitude). Un bon moyen pour « Deadpool 2 » de caricaturer, de façon amusante, la plupart des films de super-héros dans des séquences hilarantes bourrées de violences graphiques et de caméos en tous genres (voir la scène des parachutes).

La plus belle surprise du film est sans doute, Domino (Zazie Beetz), dont le « pouvoir » devient une autre occasion d’encore mettre en boîte des cascades comiques et abracadabrantesques dont elle, comme Buster Keaton dans ses films, sort indemne d’une catastrophe à l’autre. C’est pourtant un peu sous-développé ici, ce qui laisse peut-être présager un futur spin-off sur ce personnage.

Photo by Photo Credit: Joe Lederer - © TM & © 2018 Twentieth Century Fox Film Corporation.

« Deadpool 2 » est une bonne alternative à « Avengers : Infinity War », qui contenait trop de combats inutiles et mal filmés.

Leitch et ses scénaristes ont bien manœuvré pour faire de leur film une œuvre efficace, sans prise de tête, qui vole subtilement la vedette à Marvel- Disney avec Josh Brolin (qui incarne le méchant Thanos dans le dernier Avengers) pour jouer un autre vilain, qui se moque de la mortalité des super-héros dans le contexte d’une histoire qui déforme le temps et la réalité.

L’humour est ici aussi déformé, mais il est souvent plus ambitieux et intelligent que dans l’original, qui affichait son statut « R-rated » avec des blagues graveleuses, juvéniles ou obscènes (voire les deux).

Avec « Deadpool 2 », David Leitch signe un film qui rend honneur au premier sans pour autant en être une pâle copie. Avec sa mise en scène dynamique et rythmée, Leitch offre un bon divertissement qui saura ravir les fans inconditionnels comme les amateurs d’action et d’humour grâce à plusieurs séquences hilarantes et iconiques.

Un joli vent de fraîcheur à savourer jusqu’au générique pour deux moments cultes qui feront encore travailler vos zygomatiques. 

Note: 7/10

Julien Legrand – Le 1er juin 2018

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