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Un western numérique pour les geeks.

The Hummingbird Project 

L’Amérique est le continent de toutes les illusions voire de toutes les utopies. Nous avions eu droit aux caravanes de colons cherchant de nouveaux territoires ( « La conquête de l’Ouest » et « Horizons lointains ») ou l’aventure du chemin de fer (« Il était une fois dans l’ouest ») et tant d’autres symbolisant l’audace et le succès des premiers pionniers du Nouveau Monde ; alors pourquoi pas une nouvelle aventure (numérique cette fois) sur ces terres où tout est possible à celui qui veut entreprendre.

Synopsis :

Deux cousins russo-new-yorkais imaginent de construire un tunnel de fibre optique qui relierait le Kansas au New Jersey, ainsi pour quelques millisecondes ils devanceraient les ordres boursiers concurrents et empocheraient des millions de dollars. Leur projet est suivi de très près par leur ancienne patronne (Salma Hayek), devenue leur rivale…

En apparence, l’histoire de « The Hummingbird Project », semble ancrée dans le milieu financier de Wall Street où évoluent nos deux  personnages principaux qu’interprètent Jesse Eisenberg et Alexander Skarsgård, et peut paraître un peu ardue. Peu connues du grand public et très techniques, les références au « trading à haute fréquence » peuvent donner au sujet les apparences d’une pente très glissante. Cependant après une mise en place centrée sur le milieu familial des héros ; le réalisateur Kim Nguyen (« Rebelle », « Two Lovers and a Bear ») emprunte une tonalité différente de ses films précédents pour nous offrir son œuvre la plus ludique, la plus accessible aussi.

Au-delà de l’aspect thriller du récit, Jesse Eisenberg ne change guère de ses rôles précédents (« Social Network », « Batman V Superman ») même s’il gagne progressivement en sensibilité ; par contre Alexander Skarsgård marque les esprits dans un véritable contre-emploi, en incarnant un informaticien quasi asocial, englouti dans un monde d’algorithmes, seul univers où il semble éprouver jubilation et joie. Les seconds rôles ne sont pas oubliés avec une mention pour Michael Mando en entrepreneur boyscout et Salma Hayek en patronne intraitable au look de Cruella dans les « 101 dalmatiens ».

Très vite le réalisateur nous fait quitter les rives de l’Hudson pour les campagnes du Midwest dans une course contre la montre entre intérêts divergents afin de pouvoir gagner ces fameuses quelques millisecondes, soit le temps d’un battement d’aile de colibri (d’où le titre)…

Avec cette production Belgo-Canadienne aux moyens conséquents tournée dans de superbes décors naturels, Kim Nguyen propose un « road movie » assez particulier évoquant, souvent avec beaucoup d’humour, l’absurdité de tout un système, de même que les enjeux parfois colossaux de notre époque.

On est loin des pionniers de la ruée vers l’or et pourtant dans ce 21ème siècle où l’information vole plus vite qu’un battement d’aile de colibri, l’aventure, la vraie, reste encore possible. Elle est peut-être là, la plus grande leçon de cette histoire qui ravira les aventuriers de la fibre optique mais qui, après avoir un moment déconcerté, mériterait d’être apprécié d’une audience plus large.

Note : 6/10

Yves Legrand  – Le 9 septembre 2019

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