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In(dé)ception

TENET

Christopher Nolan est un de ces réalisateurs dont on attend impatiemment le nouveau long métrage à chaque nouvelle annonce d’un projet. Le cinéaste britannique est sans nul doute l’un des auteurs du Septième Art les plus populaires actuellement et ses films sont souvent impatiemment désirés, en particulier pour toute une nouvelle génération de cinéphiles.

Il attire les foules à coup d’œuvres plus audacieuses les unes que les autres et son nouveau film « TENET » ne fait pas exception à la règle puisqu’il a pour mission de sauver les cinémas et l’industrie cinématographique durement touchés par la pandémie du COVID 19. Son objectif, rapatrier un public venu en masse admirer « TENET » et dont les trailers laissaient entrevoir très peu de choses.

Attendu comme le Messie voire même le Saint-Graal, « TENET » est intriguant, sorte d’inconnue inaccessible, dont l’allure énigmatique s’intensifie à mesure que sa date de sortie s’éloignait pour finalement arriver devant nos yeux ce 26 août 2020.

Christopher Nolan repousse-t-il encore les limites de notre conception du temps, du cinéma et du blockbuster ? Verdict !

Synopsis :

Muni d’un seul mot – Tenet – et décidé à se battre pour sauver le monde, notre protagoniste sillonne l’univers crépusculaire de l’espionnage international. Sa mission le projettera dans une dimension qui dépasse le temps. Pourtant, il ne s’agit pas d’un voyage dans le temps, mais d’un renversement temporel…

Que dire encore sur Christopher Nolan qui s’est depuis longtemps imposé comme l’un des plus grands cinéastes dès son premier long métrage avec « Memento ».

Pilote des plus gros blockbusters américains récents, dont la sublime trilogie « Batman », Christopher Nolan est avant tout un auteur complet qui maîtrise toutes les étapes de ses productions.

Le cinéaste le prouve une fois de plus avec « TENET », le parallèle peut totalement se former avec « Inception », qui utilisait les grands codes du film de braquage pour structurer et organiser les thématiques chères à Christopher Nolan comme les notions de temps et de conscience.

Dans « TENET », le cinéaste fait de même en nous offrant une sorte de thriller d’espionnage agrémenté d’un soupçon de science-fiction afin d’élargir ses thématiques favorites c’est-à-dire ses obsessions spatio-temporelles. Toutes ses réflexions sont davantage ancrées dans la physique que dans la philosophie ou la psychologie, et l’approche du film se penche sur le fait que l’on peut changer le monde non pas en voyageant dans le temps, mais en l’inversant.

Le réalisateur du « Prestige » nous plonge avec une maestria et un sens du rythme indéniable dans un univers où toutes nos convictions physiques seront remises en cause. Nolan décortique à la perfection la relativité et le temps avec une aisance que n’aurait pas renié Stephen Hawking, ce qui est d’autant plus admirable qu’il est pour la première fois seul au scénario (son frère Jonathan étant pris par « Westworld » et son adaptation en série TV du jeu « Fallout »).

Malheureusement qu’il soit seul au scénario comporte aussi plusieurs désavantages, le cinéaste appuie sur le moindre de ses effets (notamment les fusils de Tchékov dissimulés un peu partout dans le film et qui serviront plus tard), des allégories trop poussées, des personnages nettement moins fouillés et moins attachants ainsi que des dialogues qui tirent parfois en longueur.

Tout cela amenuise les rebondissements et les moments de suspense, ce qui est bien dommage car dès que « TENET » appuie sur l’accélérateur, il se transforme en vrai plaisir coupable. On connait la passion du réalisateur britannique pour la saga James Bond et il s’en donne ici à cœur joie pour rendre hommage au personnage créé par Ian Fleming. Le metteur en scène y intègre tout ce que nous aimons chez l’espion le plus célèbre de sa Majesté, des déplacements vertigineux dans le monde entier, des poursuites en voiture tonitruantes, des acteurs classieux, des images et des séquences somptueusement mises en scène.

Nolan repense tout son cinéma et signe des scènes d’action absolument sublimes en maniant avec une aisance folle chaque course-poursuite tout en jouant avec les lois de la physique et du temps.

Bref le réalisateur d’« Interstellar » nous assène quelques migraines tout au long des 2h30 que comptent le film, sorte d’œuvre expérimentale dans laquelle coexiste plusieurs temporalités offrant des moments vertigineux et sensoriels qui pourrait rebuter une partie de son audience.

De plus, une partie des spectateurs pourraient avoir du mal à s’identifier aux différents protagonistes du récit, la faute à une écriture qui manque parfois de profondeur et qui ne permet pas une certaine empathie envers eux. Mention cependant à Robert Pattinson qui confirme tout le bien que l’on pensait déjà de lui, tantôt charmeur et malicieux mais avec quelques jolies zones d’ombre qui rendent son personnage à la fois énigmatique et attachant.

Alors ne boudez pas votre plaisir devant un blockbuster qui cherche à nous offrir une expérience de cinéma intelligente plutôt qu’à nous en mettre plein la vue, même s’il y arrive parfaitement.

Nolan appréhende l’action afin de nous faire ressentir et vivre son film à travers des moments d’angoisse subtilement amenés et des instants plus légers qui nous précipitent dans un songe qui nous tiendra en haleine longtemps après que les lumières de la salle se soient rallumées.  

« TENET » n’est peut-être pas le Saint-Graal annoncé mais vaut cependant largement un retour au cinéma. Nolan signe un thriller SF inventif et spectaculaire à l’action virtuose offrant un divertissement étourdissant et de très haut de gamme.

Une sorte d’inversion du temps en soi qui péche malheureusement par ses personnages pas assez développés, quelques longueurs et rebondissements illogiques qui laisseront une partie du public sur le carreau.

Tout cela pour dire que comprendre précisément la densité de la trame de « TENET » se ferait au détriment des plaisirs sensoriels d’une grande expérience cinématographique.  

Et comme le dit le personnage de Clémence Poésy dans le film, « N’essayez pas de tout comprendre, ressentez-le ! ». Un bon conseil pour découvrir « TENET ».

Note : 7,5/10

Julien Legrand – Le 27 août  2020

Sources Photos :

  • Copyright Warner Bros Belgium

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