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Suicide Production

Suicide Squad

Après « Deadpool », « X-Men » et autres Marvel, revoici un film de super-héros ou plutôt d’anti-héros. DC Comics et Warner proposent aux fans de découvrir pour la première fois au cinéma les grands méchants de l’univers DC. Des personnages introduits dans les BD dès 1959 avant d’être popularisés en 1987. « Suicide Squad » est le deuxième film qui doit définitivement installer le « DC Univers » au cinéma après le relatif semi-échec de « Batman V Superman » au box-office (plus de 800 millions de dollars tout de même).

Aux manettes de ce blockbuster « super-vilain », David Ayer, réalisateur de l’excellent « Fury », a pour mission d’ancrer cette bande de méchants dans l’esprit des spectateurs, bien aidé par un budget de 175 millions $ et d’un casting plutôt alléchant avec l’oscarisé Jared Leto dans la peau de la Némésis de Batman, le Joker, la très sensuelle Margot Robbie en Harley Quinn, le revenant Will Smith en Deadshot et bien d’autres…

La première bande annonce du film lors du Comic Con 2015 avait marqué les esprits et les fans plaçaient de grands espoirs dans cette œuvre avec son vivier de personnages obscurs. Le hic, c’est que le film est attendu au tournant tant par le studio que par le public. Beaucoup de pression donc pour un film dont la production a été chaotique et qui va d’office faire couler beaucoup d’encre.

ScreenTune vous propose l’avis croisé de Julien et Damien. 

Critique de « Suicide Squad » (2016) - Suicide Production
© 2015 Warner Bros.

Synopsis :

C’est tellement jouissif d’être un salopard ! Face à une menace aussi énigmatique qu’invincible, l’agent secret Amanda Waller réunit une armada de crapules de la pire espèce. Armés jusqu’aux dents par le gouvernement, ces Super-Méchants s’embarquent alors pour une mission-suicide. Jusqu’au moment où ils comprennent qu’ils ont été sacrifiés. Vont-ils accepter leur sort ou se rebeller ?

L’avis de Julien :

Dès le début ce qui frappe la rétine, c’est l’ambiance, le long métrage paye la mauvaise réputation de son prédécesseur (« Batman V Superman »). Le ton a changé pour rendre l’œuvre moins sombre, plus cool, plus fun et plus pop (en témoignent les musiques cultes qui viennent envahir tout le film). Warner et DC offrent un résultat en demi-teinte, étouffé par des erreurs de narration et d’ambiance. Le démarrage de « Suicide Squad » commence par une introduction d’une grosse demi-heure sur les différents personnages qui vont composer l’équipe « Suicide » (pour chacun sa carte d’identité et sa signature musicale). Le montage de cette séquence n’en demeure pas moins rythmé, mais cela traîne en longueur et on s’y perd un peu.

Photo by Clay Enos - © 2015 Warner Bros. Entertainment Inc., Ratpac-Dune Entertainment LLC and Ratpac Entertainment, LLC

Après cette présentation interminable, le cœur du film peut commencer à palpiter. Une partie plus sombre avec des anti-héros tourmentés et des scènes d’actions parfois bien calibrées dans un montage fluide mais redondant. On sent dans cette deuxième partie le savoir-faire de David Ayer, habitué à mettre en valeur le milieu carcéral, les policiers (« End of Watch ») et son goût pour l’armée (« Fury ») dans quelques scènes de testostérone. Un cocktail plus ou moins efficace et qui se mêle à merveilles à tenter de rendre hommages aux comics. On regrettera cependant des effets spéciaux à la limite de l’acceptable pour une production de ce budget.

On finit par se prendre un peu d’affection pour certains de ces « Bad Guys » qui ne sont finalement que des vaches envoyées à l’abattoir par le gouvernement pour faire la sale besogne.

Comme dans les comics, Ayer met en avant certains personnages plus que d’autres. Malheureusement, le plus attendu de tous, le prince du crime de Gotham : le Joker de Jared Leto n’a droit qu’à son quart d’heure de gloire. Difficile cependant de juger la performance de l’acteur sur un laps de temps si court (environ 10 minutes totale à l’écran). Son interprétation du clown est pourtant différente de ses prédécesseurs (Jack Nicholson et Heath Ledger), plus fou et psychopathe : trois jokers diamétralement opposés et intéressants. On sent que l’acteur s’investit dans le rôle et veut donner le meilleur de lui-même, mais impossible à analyser avant un autre film plus penché sur sa personne (ce qui aurait pu être le cas dans « Justice League »).

La vraie star du film, la plus aboutie est sans conteste sa compagne Harley Quinn (Margot Robbie). L’actrice joue une partition drôle, décalée, glamour et folle dingue. Avec sa plastique de rêve, elle incarne avec crédibilité l’amoureuse du Joker et rend un vibrant hommage à ce personnage créé pour la série animée Batman de 1992 par Bruce Timm et Paul Dini.

Au final, emmené par un scénario prévisible, « Suicide Squad » est un beau gâchis. Celui-ci est surtout dû à la déception derrière cette longue attente que le film a suscité depuis le Comic Con 2015. On ne va pas qualifier le long métrage de David Ayer de nanar ou de navet ! Le cinéaste est un réalisateur solide qui n’a déçu qu’à de rares occasions (« Sabotage »). Il avait beaucoup de pression sur les épaules avec un gros studio anxieux de redorer son blason.

Le résultat de cette « mission suicide » est certes parfois agréable, un peu lisse et trop formaté pour le plus grand nombre. On voit clairement que Ayer n’a pas totalement eu la main mise sur son entreprise (il existe d’ailleurs trois montages du film et que la version du réalisateur était plus sombre), mais il offre cependant quelques moments divertissants et fun qui plairont au grand public.

Les fans des comics comme les cinéphiles seront probablement déçus car le metteur en scène ne pousse pas ses personnages dans leurs derniers retranchements et la violence attendue par un tel scénario ne vient jamais. Il y avait pourtant matière à bien travailler avec de tels méchants.

Photo by Courtesy of Warner Bros. Picture - © 2016 Warner Bros. Entertainment Inc., Ratpac-Dune Entertainment LLC and Ratpac Entertainment, LLC

« Suicide Squad » se laisse regarder pendant 2h sur un rythme désintéressé, mais on en sort néanmoins désappointé car il y avait tellement mieux à faire avec ce bolide qui en garde beaucoup trop sous le capot malgré quelques idées intéressantes. La dure loi des studios et d’Hollywood.

Note : 5/10

Julien Legrand – Le 9 novembre 2018

© 2015 Warner Bros.

L’avis de Damien :

Malheureusement, à l’instar de « Batman v Superman », il s’agit d’un semi-échec malgré certaines qualités.

Pourtant, cela commençait plutôt bien avec cette introduction en traveling vers la prison sur le célèbre titre « The house of the rising sun » de The Animals qui cadrait bien avec le thème et nous plonge directement dans le vif du sujet.

Le plus grand paradoxe, est la présentation des « vilains », l’idée de les présenter un par un de manière plus ou moins détaillée comme cela s’est vu dans « Les Gardiens de la Galaxie » du grand rival Marvel est plutôt intéressante. Néanmoins, pour les non initié à cet univers, la plupart des personnages, hormis Harley Quinn et Deadshot, ne sont pas présentés de manière approfondie, notamment d’un point de vue psychologique, ce qui laisse un goût de trop peu. D’un autre côté, cette partie du film traîne également en longueur et l’intrigue prend trop de temps à s’installer.

Dans le même ordre d’idée, les autres membres de la Suicide Squad (Killer Croc, Captain Boomerang, El Diablo, …) ne prennent pas assez d’importance dans l’intrigue et on plus un rôle de faire-valoir. Chacun a eu un court moment d’attention à un moment donné mais trop peu que pour influer sur l’intrigue.

Photo by Clay Enos - © 2015 Warner Bros. Entertainment Inc., Ratpac-Dune Entertainment LLC and Ratpac Entertainment, LLC

Au niveau du scénario, si on enlève la première demi-heure, tout est trop linéaire, trop prévisible. Le coup du grand méchant venu du passé dont le seul but est de détruire la planète car les humains ne sont pas dignes de lui, on nous l’a déjà fait (coucou « X-mens Apocalypse »). De plus, la prestation de Cara Delevingne dans le rôle de l’Enchanteresse n’est pas très convaincante, tout comme son jeu d’actrice, proche du néant. Et que dire de ses sbires qui ne ressemblent à rien.

Un autre défaut du film, même si c’est loin d’être le pire, concerne les « méchants » qui ne sont pas si mauvais que ça au final et qui se comportent comme de dociles toutous, à aucuns moments ont ne sens l’once d’une rébellion parmi eux une fois la tentative d’évasion de Boomerang et de Slipkot.

Déjà qu’ils ne sont pas bien méchants, le réalisateur tente de nous attendrir avec une séquence émotion qui ne se révèle pas très utile.

Photo by Courtesy of Warner Bros. Picture - © 2016 Warner Bros. Entertainment Inc., Ratpac-Dune Entertainment LLC and Ratpac Entertainment, LLC

La plus grande satisfaction vient sûrement de la prestation de Margot Robbie qui incarne à merveille le personnage d’Harley Quinn. Elle porte presque à elle seule le film sur ses épaules. À moindre mesure, Will Smith est plutôt convaincant dans le rôle de Deadshot avec lequel il retrouve ses lettres de noblesse après quelques choix de projet discutables. En ce qui concerne le Joker, je n’ai pas été convaincu par Jared Leto et sa version un peu trop « bling bling » à mon goût mais à sa décharge, on ne le voit pas assez pour juger et passer après Heath Ledger n’est pas une mince affaire, loin de là.

Au final, malgré une certaine déception, « Suicide Squad » reste un bon divertissement qui se laisse regarder et qui n’empêche pas de passer un bon moment. Je terminerais par la soundtrack de ce film qui m’aura fait kiffer avec des morceaux vraiment top même s’ils ne sont pas toujours utilisés à bon escient.

Note : 5,5/10

Damien Monami – Le 9 novembre 2018

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