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« Noir c’est noir. Il n’y a plus d’espoir … »

Cartel

Ridley Scott n’est plus un réalisateur à présenter, papa de « Alien : le huitième passager », « Blade Runner », ou encore « Gladiator », il a réussi à imprégner sa patte dans le paysage cinématographique. Mais le cinéaste britannique va connaître des échecs, le plus retentissant de tous est sans doute « Cartel ».
Un « flop » inimaginable pour le metteur en scène, qui n’avait pas besoin de ça pour rester ancré dans les mémoires. Un film qui va connaître de nombreux problèmes notamment un arrêt de tournage de plus de trois semaines. La cause ? Le suicide tragique du frère de Ridley, Tony Scott auquel le film est dédié.

Ridley Scott s’offre avec « Cartel » une œuvre bien loin de ses standards habituels (budget de 25 millions $), une production plus intimiste et résolument plus sombre ; mais qui réunit un casting de stars impressionnant avec Michael Fassbender, Brad Pitt, Javier Bardem, Pénélope Cruz, Cameron Diaz, Edgar Ramirez et John Leguizamo. Impressionnant on vous dit ! Ajouté à cela la présence de Cormac McCarthy (auteur de « No Country for Old Men » et « La Route ») au scénario et « Cartel » devient encore plus alléchant sur le papier.

Résumé :

La descente aux enfers d’un avocat pénal, attiré par l’excitation, le danger et l’argent facile du trafic de drogues à la frontière américano-mexicaine. Il découvre qu’une décision trop vite prise peut le faire plonger dans une spirale infernale, aux conséquences fatales.

Alors comment expliquer son échec au box-office ? À tort ou à raison ?

Une chose est sûre « Cartel » est un long métrage étrange qui raconte la descente infernale que va subir un avocat qui cherchait à s’offrir une belle vie en tentant juste une fois de s’immiscer dans le trafic de drogue.
L’écrivain Cormac McCarthy offre un récit pourtant d’une grande simplicité mais à la mécanique bien huilée. Le film de Ridley Scott est audacieux et imprévisible, un tour de force qui colle les spectateurs à leurs sièges pour leur infliger une claque effroyable d’efficacité.

Une réussite ou une déception, « Cartel » prend de toute façon son temps, certains trouveront cela d’un ennui mortel, d’autres banal et ronflant ou encore d’arnaque cinématographique face à des dialogues interminables (première raison de son échec au box-office). Cependant, ce n’est pas le but de l’entreprise car telle une araignée, « Cartel » tisse sa toile avec minutie et patience pour emprisonner le spectateur qui s’aperçoit trop tard qu’il est piégé dans ses filets.

Ridley Scott propose un film d’une noirceur terrifiante et qui ne plaira pas à tout le monde. Le cinéaste s’approprie les codes du thriller pour les détourner à son avantage et offrir une œuvre insolente, maîtrisée du début à la fin.
Un long métrage qui demande une grande attention car il laisse perplexe durant une bonne heure, qui ne montre pas vers quoi il se dirige et qui accumule des questions auxquelles il ne répond pas. Tout cela à un sens bien sûr, immerger le spectateur dans un récit qui dévoile progressivement son engrenage infernal de cette descente aux enfers pesante, âpre et étouffante.

Ridley Scott nous installe dans une ambiance calme et posée pour gagner notre confiance avant de déclencher son piège brutal et terrifiant pour mieux nous poignarder devant ce dernier acte effrayant. Le cinéaste britannique est sans pitié et ne nous épargne rien. « Cartel » est violent, cruel, féroce et d’une sauvagerie inouïe.

Que dire encore de la performance des acteurs, plongés dans ce cauchemar sous le soleil de la frontière américano-mexicaine, si ce n’est qu’ils jouent tous une partition excellente. La plus surprenante vient surtout de Cameron Diaz qui marque les esprits pour sa séquence avec une Ferrari et qui a fait couler beaucoup d’encre. Scène déjà culte et qui restera dans les mémoires comme Sharon Stone dans « Basic Instinct ».

Avec « Cartel », Ridley Scott livre son film le plus sombre et peut-être le plus déroutant sûrement marqué par le décès de son frère. Une œuvre monstrueuse qui gagne à être connue et montre que le cinéaste n’a rien perdu de son lustre d’antan. On sort décontenancé et meurtri devant cet exercice de rage difficile à digérer.

Note : 7/10 

Julien Legrand – Le 28 août 2018

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